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LES MOTS POUR LE DIRE...
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8 décembre 2006

Vincent

 Il y eut un lendemain, une soirée à l'opéra, un Bizet qui les reflétait. Il y eut d'autres jours, d'autres soirées, d'autres paires de bas! Et...

 Eve rêvait, Eve dansait, Eve survolait sa vie. Elle prenait quelque distance avec la réalité, ne répondant à ses interlocuteurs qu'avec automatisme et parcimonie. La jeune femme s’était volontairement déconnectée, à l'abri des autres, bien au chaud lovée contre elle-même.

 Elle se retrouvait après une longue absence, acceptant de refaire connaissance avec cette inconnue nommée Eve Payraud, la trouvant sympathique, presque belle. Ses yeux lagon l'observaient sans complaisance dans le miroir glacé et impersonnel du bureau qu'elle occupait à la Mondial...

 - Salut toi, tu m'as manqué.

 Elle se résolut à faire ce qu'elle s'était toujours refusé : une halte "coconning" chez l'esthéticienne, précédant une frénésie d'achats compulsifs à faire se gondoler la carte bleue la plus sage.

 La dernière transformation fut pour ses cheveux qu'elle déchaîna dans un flot mouvant qui lui donna cet air de déesse intouchable qu'ont les mannequins sur les podiums.

 Chez elle, elle endossa sa parure de papillon, prête pour le vol de nuit qui serait son apogée.

 Lorsqu'il sonna, elle se mordit les lèvres. Lorsqu'il entra, elle se pinça les joues en place pour la parade amoureuse.

 

  Il vit la main qu'elle lui tendait, puis l'attache fine de l'épaule que couvrait mal une bretelle qui tombait.

  Il remarqua les perles d'eau qui paraient ses seins, tels les bijoux scintillants d'une cendrillon évadée du conte et s'emplit de l'odeur de fruits rouges qu'elle dégageait.

  Son regard descendit jusqu'à la cheville qu'une soie docile recouvrait et il aima le pied emprisonné dans une sandale de vestale qui la déchaussait. Elle était mieux que belle!

 Comme elle ne demandait rien et qu'il ne trouvait pas les mots, ils quittèrent la pièce en silence, la main de l’homme, impérative, glissée sous son bras à elle, qui acceptait la soumission.

  Première étreinte de la nuit, gorge serrée, jambes qui se dérobaient en descendant le petit escalier de bois. Ah... mourir soudain de trop vouloir, tension au maximum, cote d'alerte, tête qui éclatait sous le joug d'un corps qui s'impatientait.

 Ils remontèrent dans le petit appartement, sans se concerter, acceptant comme une évidence le fait qu’ils ne pouvaient jouer la comédie sociale que leur imposaient les convenances: sourire, se nourrir, échanger des mots, alors qu'ils n'avaient faim que de leurs peaux. Ils prirent une douche, habillés encore, en se humant, cherchant à petits souffles l'odeur de l'autre. Eve était nue de noir, drapée de satin. Lui, avait ôté sa chemise et "elle »parcourait à tâtons le corps musclé et soyeux. Ils ne virent pas venir le jour. Ils étaient des oiseaux de nuit...ils étaient éphémères!

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