Vincent

 - J'ai tué Kali!

 - tu as bien fait, il te dévorait, il fallait rompre avec cette obsession et le tuer était la meilleure solution.

 Vincent se taisait. Il ravala la confidence qui gonfla ses lèvres en un souffle contenu qui éclata en lui.

 Eve s'attendrissait maternelle :

 - allez, viens... allons dormir.

 Le sommeil!... elle lui proposait le sommeil comme dérivatif à ses angoisses. Refuge, ou répétition d'une mort annoncée?...absence en son corps...pause...arrêt sur la vie.

 Il n'aimait pas dormir. En tout cas, pas ce soir là : il ne voulait pas basculer de l'autre coté du miroir. Peur de l'envers des paupières...du vide, d'être cerné, enfermé derrière des barrières qu'il aurait lui-même érigées...peur de trouver les réponses à des questions non posées, peur de la petite marche qui se transforme en sable mouvant pour entraîner dans le gouffre de l'infini, celle qui fait sursauter le corps en apesanteur et qui réveille en sueur face à l'insomnie!

 Non, il ne la suivrait pas sur les berges endormies,.

 Prenant son blouson, il sortit et se perdit dans la nuit.