la petite fille aux yeux coquillages

La petite fille aux yeux « coquillages »

Tu es devant moi, frêle sirène échouée sur le sable tiède, étoile de mer écartelée, petite fée restée sans pouvoir loin de la terre de Brocéliande..

Toi, ton « grimoire », c’est le dessin que tu as fais en pleins et en déliés… avec ton pied. Mais la mer t’a obligée à sans cesse tout recommencer.

Pauvre victime expiatoire, tu n’as d’autre tort que d’avoir été là, désignée par le sort.

Tu viens de comprendre les règles de ce jeu : tu étais l’enjeu, la proie immolée pour le sacrifice, livrée à la plage et à ses complices.

Sur toi ils ont planté les drapeaux de la victoire : plumes virevoltantes, dérisoires symboles d’une puissance illusoire.

Petits poucets dorés par le ciel, salés par le vent, ils ont redessiné ton corps avec des cailloux blancs.

Tandis que toi, regard rêvant, tu t’es laissée embarquée pour un voyage sur nuage errant !

Mais le soleil soudain s’est fait brûlant et de longs sillons de sel ont creusé tes joues d’enfant.

Alors, tes bourreaux ricanants, t’ont fermé les yeux sous deux coquillages perlés, avant de s’enfuir en hurlant.

Je me suis levée, t’ai sortie de ton tombeau de poupée.

Tu t’es ébrouée comme un jeune chien…….

Puis, tu es partie sans même tendre la main.