La source...Préfailles
J’inspire…, je m’emplis d’air et de souvenirs. La source murmure, elle susurre des douceurs, me raconte la petite fille aux pieds nus qui venait autrefois faire écuelle de ses mains au dessus de la blessure de sa roche suintante.
Je regarde autour de moi, pensant les revoir tous: les vivants et les morts, en équilibre, funambules accrochés au fil du temps, prisonniers d’un jour, d’une heure, d’une minute, stoppés par la seule force de mon envi de les savoir présents.
Les vagues viennent lécher en hurlant les rochers immuables, ceux qui sont encore là, ceux qui le seront encore lorsque moi-aussi, j’aurai pris le bateau qui n’accoste nulle part !
Je me retourne. Un couple est assis sur le banc des curistes, je crois les reconnaître, ils sont au rendez-vous. Je les revois enfants, hâlés par le soleil et blanchis par le sel. Ils courent vers la source, je les suis, haletante. Nos rires en éclats emplissent le silence et, l’eau salvatrice est une récompense à nos corps assoiffés.
Ils se sont levés, ont repris le chemin du temps qui passe et ignoré les enfants criant en eux la liberté de renaître.
Me serais-je trompé de songe ?
Sans doute ceux-là gravitent-ils loin de Préfailles. Des passants… !
Ils se seront, un instant, suspendus à la guirlande de mes songes : passagers clandestins, pour les rêves de demain !
ANY