surréalisme...exercice avec mots imposés

Surréalisme........

Bizarre, vous avez dit « bizarre » ?

Quel est l’imbécile qui a écrasé ce pot de fleurs sur le tapis ? Gnan, gnan, gnan, je n’aime pas ce bouquet éclaté, figé et immuable. Il serait illusoire d’imaginer que le responsable puisse se dénoncer ! J’ai l’intuition que c’est le même individu qui a mis une image sur l’écran de la télé !

Je suis dans le noir. Qui a éteint la lumière et décroché les illuminations de Noël ? A tâtons, bras tendus, j’avance vers un bruit qui me vrille les tympans.

En tout cas, j’entends bien la locomotive. Bizarre non, je croyais que ces engins-là n’émettaient plus de pollution sonore.

Je cherche le marchepied. Hop ! Me voilà dans le compartiment. C’est confortable, je vais fermer les rideaux et la porte aussi. Pas question de supporter un fumeur dans mon espace vital. Sans doute suis-je un tout petit peu intolérante.

Tiens, je suis en chemise de nuit. Quelle drôle d’idée pour voyager. Fichue dégaine, j’ai l’air d’une Iphigénie égarée. Suis-je en partance pour Saint-Pétersbourg ?

J’ai toujours rêvé d’immigrer vers la Russie des Tsars, bercée par un Orient Express glissant sur des rails de velours. Vivant une idylle incandescente avec un inconnu qui me murmurerait de brûlants « Ich liebe ich » tout en remplissant ma coupe d’un Champagne millésimé.

J’ai éclaté mon verre contre l’acajou monogrammé.

Le train s’est arrêté. Je n’entends plus rien qu’un tic tac lancinant. Il doit y avoir une bombe dans le wagon. C’est bien ma chance, pour une fois que je voyage ! Si j’avais pensé exploser un jour, c’eût été de joie.

J’entends une voix qui hurle «  l’Internationale ». Gagné ! Je suis tombée sur un train de Bolcheviques !

Stop ! Si mon imagination fait des siennes, alors je préfère me réveiller.