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LES MOTS POUR LE DIRE...
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22 octobre 2021

Si un conte m'étais conté

 

Si un conte m’était conté….

   « Une lettre pour vous ! Une lettre pour vous ! »

Bouboule s’agitait autour de Socette fracassant le silence de ses éclats de voix.

Ce dernier, la tête enfouie au creux de ses mains, songeait aux Noëls d’autrefois. 

Comme le temps semblait irréel, déjà 1107 années que sa boule Marquée SC s’était éclatée au pied d’un sapin sans joie : le roi Bérenger 1er, l’italien, régnait alors sur un moyen-âge englué dans un voile de tristesse.

Comme il était loin le temps des veillées, des mains qui se réchauffaient en serrant d’autres mains ! A présent les textos, les écrans avaient remplacés la chaleur dégagée par l’HUMAIN !

« Que dis-tu Bouboule ? Une lettre ? Pour moi?

« Oui, oui…celle ci est pour vous « 

Le bureau de Socette s’en trouvait tout illuminé et le violet feu-follet irradiait de sa lumière joyeuse l’antre du vieux lutin.

« Oui….oui…regardez dans votre boule de verre, regardez vite, c’est la grand-mère qui écrit mais c’est la petite fille qui dicte. »

Socette se leva prestement.

En s’approchant de la « boule », son cœur avait 20 ans.

Ce qu’il vit le réchauffa :

La pièce était blanche, le lit était blanc et une multitude de jouets, aux couleurs chatoyantes, emplissait l’espace.

La grand-mère était penchée sur une feuille blanche, elle aussi, qu’elle noircissait avec application. Comme une enfant sa langue écartait ses lèvres fardées pour se montrer dans un souci de bien faire.

Le temps était passé sur la vieille dame sans la briser et elle portait des habits colorés comme pour dire au monde entier : « vous voyez, je suis encore là et vivante »

Sa petite fille était brune et deux yeux verts magnifiques renvoyaient dans la pièce la lumière incandescente de l’émeraude. Son teint était de porcelaine et avec  ses boucles brunes en cascade, elle ressemblait à s’y méprendre à un personnage de Dickens.

Socette était si attentif que même l’entrée d’un Foufou curieux et facétieux dans la pièce ne pu distraire son attention : il ECOUTAIT.

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   Bonjour Père Noël…..

 

Je m’appelle Lily, mais tout le monde me nomme Linotte, la faute de ma grand-mère, qui disait toujours :

« Ma Lily, tu es une vraie tête de linotte…et Linotte m’est restée !

Ca te plait toi « Linotte » ?…moi je me suis habituée et même mon amie Suzanne dit « Linotte » lorsqu’elle murmure à mon oreille.

Remarque, Suzanne n’est pas contrariante, après tout elle me doit la vie.

Il faut que je te dise que ni Papa, ni grand-mère ne l’ont vue.

Je m’arrange toujours pour qu’elle reste bien cachée lorsqu’ils rentrent dans ma chambre. Mais à toi, je peux bien la présenter, Suzanne est mon amie imaginaire et  jamais elle ne me contrarie. Elle chante avec moi, elle danse avec moi et parfois elle m’aide à faire mes devoirs.

Bon, je raconte, je raconte mais je t’écris pour voir si c’est vrai que tu existes et que tu peux réaliser tous les vœux des enfants.

Moi, je voudrais un bébé, mais pas un bébé poupée, un VRAI bébé, avec de vraies petites mains qui serreraient mon doigt et des joues toutes petites que je pourrais embrasser. UN petit frère qui pourrait jouer avec moi et qui parlerait bien plus que Suzanne !

Papa dit que la machine à fabriquer  les bébés est cassée, mais moi je pense qu’il ment et grand-mère  a les yeux mouillés lorsque je  lui en parle, c’est elle qui a eu l’idée de cette lettre pour toi.

J’ai sept ans et sa main écrit les mots  que je dis…….bon elle connait Suzanne maintenant, tant pis !

Et  tu crois que tu peux m’apporter un bébé même si maman est partie au ciel ?

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   Socette pleurait, il pensait que les lutins n’avaient pas de larmes, que seuls les humains avaient cette faculté d’inonder le monde de leurs émotions en cascades !

A ses côtés Bouboule interloqué avait cessé de faire le clown et Foufou «drapait » de blanc la boule de verre qui n’en demandait pas tant.

Le vieux lutin observait toujours : 

Je vais faire de toi une petite fille heureuse !

 

   Qu’on attelle mon traineau et que ma boule de verre m’emporte  à travers la galaxie au pays de Lily

 

   Foufou tournoyait, tournoyait, …..Les arabesques  blanches qu’il créait, semblaient écrire « et moi…et moi…je viens ? »

 

   Tu viens…décida Socette, ton aide me sera précieuse.

 

   Bouboule boudait dans son coin : voilà et moi je reste là ! Je sers à quoi hein ? À balayer le tapis ?

 

Toi tu seras mes yeux, fixés sur la boule de verre.

 

Je serai ton œil de verre quoi ?

 

En quelque sorte, allez, ne te mets pas en boule Bouboule.

 

Ah ça c’est malin….. !

 

   En un tour de main le Lutin, attela les rennes Tonnerre et Furie, mit de la poussière d’étoiles dans le réservoir, bidouilla quelques boutons récalcitrants, chercha frénétiquement la clé du majestueux attelage qui réapparût comme par magie et grimpa dans cet équipement pour disparaître enfin dans un nuage de fumée dense.

 

   L’arrivée dans le parc des « tout est possible » fut chaotique : accroché  au traineau, Foufou voletait et Socette, en retenant sa casquette de cuir, eut bien du mal à maitriser ses rennes qui se croyaient déjà le 24 décembre !

 

 

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   Assise sur un banc du square Aude se souvenait :

 Elle avait touché le bonheur et celui-ci, tel le vent, s’était enfui comme un voleur, emportant ses sentiments.

Pourtant, en partant, l’ouragan, avait laissé, loin des tornades, deux alizés aux cœurs fondants.

Ses enfants étaient ses soleils, ses sourires, son étendard de Maman.

Titan était à l’école, il allait avoir huit ans et à ses pieds, son  Bébé Anatole, gazouillait, parlant à ses mains.

Soudain, le vent, ce revenant, lui enroula autour du cou, un foulard blanc.

 

   Pendant ce temps PAPA se promenait dans les allées… flânant. Il pensait que jamais il n’avait trouvé un  mois de Décembre si doux. Pourtant déjà Noël pointait son nez et avec lui son cortège de lumières clignotantes. Le rouge et le vert envahissaient tout. A chaque coin de rue, de gros arbres aux boules scintillantes, sentinelles drapées de magie, offraient aux passants la majesté de leurs ombres.

Il aperçût Aude, telle une fenêtre entrouverte sur la pensée d’un rêve

Un nuage blanc vola, un foulard à ses pieds ?  

Il le ramassa.

« Madame ceci-est à vous ? »

« Pas vraiment, il est venu comme par magie s’enrouler autour de mon cou. »

« Et comme par magie, encore, il atterri à mes pieds. Petit futé ce foulard là : un vrai magicien ! »

« Je m’appelle Aude et ce coquin dans son panier, c’est Anatole. »

Foufou, son rôle terminé prit un courant d’air en partant et telle une feuille morte, glissa sur le gazon.

Socette, embusqué derrière un sapin, lui faisait signe, se réjouissant qu’ils aient tous deux donné un coup de pouce au destin.

 

 

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Bouboule, collé à la boule de verre, avait observé la scène avec attention.

S’il avait eu un cœur, pensait-il,  sûrement celui-ci se serait manifesté en battant la chamade,  mais la petite boule violette pensait qu’il lui manquait un corps et il incluait dans ce manque cet organe si sollicité dans l’émotion.

La mère Noël qui était entrée telle une ombre dans la pièce, s’attendrissait devant le chagrin de Bouboule. Elle se promettait de remédier à cela au plus vite. Après tout, l’entourage du Père Noël avait aussi le droit d’exprimer des vœux !

La grande « cheminée des souhaits », continuait à recevoir des lettres par brassée.

Il y en avait de toutes formes, de toutes couleurs et des timbres du monde entier proclamaient assez la grandeur et le succès avéré du Père Noël !

Des dessins, des photos, parfois même de petits cadeaux fabriqués avec amour par des enfants désireux de se faire pardonner une faute. Des odeurs aussi : le safran, la cannelle, le caramel et le pain d’épice.

Bouboule, en se retournant aperçu la vieille dame qui s’asseyait près de sa machine à coudre magique. Elle pédalait, elle pédalait et les tissus dansaient sur un air de « Vive le vent »

Le feu-follet violet se mit à danser et à chanter à tue-tête. C’est la scène à laquelle  assistèrent en rentrant un Socette exténué et un foufou plus blanc que jamais dans un équipage qui s’essouflait.

 

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Pendant ce temps, la « belle histoire » qu’ils avaient amorcée, se poursuivait.

Aude et Papa accumulaient les restaurants, les rendez-vous et les rencontres sur ce banc qui avait été témoin de leur première fois.

Ils avaient cherché désespérément le tissu blanc qui les avait réunis, sans succès. !

Les arbres clignotaient, les fenêtres chantaient, un timide soleil continuait de briller dans un décembre où la douceur s’attardait.

Un jour papa osa LE baiser et ils surent alors que leur vie prenait un virage qui les comblait.

Ils faisaient des projets :

 Ces « trois » qui faisaient leur joie et qu’il leur fallait réunir en un tableau charmant : une maison emplie de leurs rires, un jardin où traineraient leurs jouets, un chien qu’ils couvriraient de caresses et une chaleur familiale qu’ils partageraient avec grand-mère autour d’une cheminée dont le feu crépiterait !

Ce fut décidé : Noël serait l’apothéose de tous ces souhaits et les enfants seraient ensemble autour d’eux pour la veillée de Noël.

Grand-mère, mise dans la confidence, n’en croyait pas son cœur : le vœu de sa petite fille serait-il exaucé et ce petit Anatole comblerait-il ce rêve qu’elle avait fait un jour : avoir un bébé à câliner ?

 

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Le 24 Décembre, le ciel se décida et la neige en tombant saupoudra de blanc la carte postale :

Une cheminée rougeoyante, un sapin drapé d’organdi, de jolies boules colorées qui s’accrochaient aux branches, des guirlandes clignotantes donnant aux visages un jeu d’ombre et de lumière qui n’en finissait pas, des rires qui emplissaient la pièce et une odeur de pain d’épice, venant de la cuisine où officiait Aude, un tablier serré autour de sa taille svelte .

Papa était aux « anges », un soir de Noël ceux-ci ne pouvaient qu’être là !

Grand-Mère observait, un sourire aux lèvres, sa petite Linotte qui n’en finissait pas de caresser le bébé Anatole qui riait au éclat…

Le père Noël était passé et de tous les cadeaux reçus celui-là était le plus MAGIQUE :

Un petit frère déjà tout rose en fossettes et en sourire et un autre de son âge qu’elle adopta immédiatement comme un ami, un confident.

Suzanne fut oubliée, reléguée dans ses pensées à la tristesse des Noëls passés.

« A table les enfants ! ».

…Chaleur d’un clan reconstitué !

Le bonheur est à portée du cœur, à portée des nos souhaits, il suffit de le vouloir vraiment.

 

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« IL » rentra exténué au petit matin, sa tournée terminée.

Personne ne le vit, il était celui dont tout le monde parle et que l’on ne voit jamais !

Dans le bureau de Socette, la mère Noël s’attardait. Elle avait comme un air de conspiratrice suspendu à son visage souriant.

« Bouboule, il me semble qu’il reste un paquet. »

 « Mais non, ils ont tous été distribués. »

« Regarde tout de même, je ne voudrais pas qu’un enfant trouve sa chaussettes vide! »

Bougon, la boule violette obtempéra. Son nom était inscrit en lettre d’or : BOUBOULE.

Il déchira rapidement le papier et ce qu’il vit le laissa sans voix :

Un corps, un vrai corps qu’il enfila à la hâte :

Des bras qu’il agitait brassant l’air dans des  mouvements saccadés, de vraies jambes qu’il fit danser sans tarder invitant la mère Noël en une valse échevelée.

Oh merci, merci, merci…et j’ai un cœur aussi pour vous aimer !

La mère Noël le regardait, « tu sais tu avais déjà un cœur c’est si facile d’aimer ! »

 

 

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