Prison feutrée
-Il m’arrive parfois d’avoir le pied pesant, quand j’ai le cœur trop lourd, à cent soixante à l’heure, je sens l’odeur du sang, je fends le mur du vent et me laisse griser par l’idée que la mort est paradis feutré !
Le paysage alors est sur « accéléré » bien que les images,que je me crée, défilent au ralenti dans mon jardin secret.
Les mouvements sont lents, aériens, éthérés et je ressens dans ma bouche asséchée la saveur âcre et grisante de la liberté !
C’est un leurre, vivre c’est être enchaîné.
Par les convenances par les barrières que, petit à petit, on dresse autour de soi. Prisonnier volontaire, on ne s’évade pas. Sauf, peut-être par le rêve, notre pensée, elle, ne se maîtrise pas ! Elle vagabonde, dès que les yeux se ferment. Le corps est trop pesant, le corps est trop fragile.
L’homme, discret, me laisse parler. Les paroles sortent de moi comme un petit ruisseau qu’un mousson trop forte aurait fait déborder.
Il s’écoule lentement, sans se tarir et l’oreille attentive jamais ne s’est fermée.
Il est là, silencieux, sentinelle à l’écoute et je pleure les mots comme d’autre les larmes.
Un crépuscule d’or est descendu sur nous. Le soleil, au couchant, nous a enveloppés d’un voile de clair obscur qui joue avec nos corps au jeu de la vie et de la mort.
Je me tais. Pour ce soir, le cours d’eau ne débordera plus
Sur le clavier, je jette ma rage d’exister !