Zora

 -Pourquoi  racontes-tu tout çà ?...je ne suis pas toi et tu n’es pas moi !

   -Mais, je suis de la glaise que tu sculptes et que tu tords, tu me façonnes. Entre  tes mains je deviendrai œuvre d’art ou papier froissé !

   -Un mot sur la page n’est que nature morte, il n’y a en toi ni âme, ni cœur, à peine une ébauche de ce que tu pourrais être. Tes sentiments sont ceux que je t’attribue et tes déchirements me menacent !

   Tu es comme un double dans un miroir brisé, une image grimaçante, une esquisse caricaturale.

   -Les mots que tu mets dans ma bouche sont les chagrins qui te touchent. Je suis ce que tu n’as jamais été et ne seras jamais

   - Bien malin qui saurait dire ce que nous deviendront. Ainsi toi, si brillante, tu n’es plus qu’une étoile éteinte au firmament des désillusions

   - Des mots, rien que des mots dont tu te gargarises, je préfère la vie...même si elle m’insupporte !

   - Tu n’as plus d’avenir, le présent te fait horreur et le passé est un gouffre sans fond qui t’aspire. Tu es vide comme une tour qui s’affaisse doucement sur des sables mouvants.

   - Je te rappelle que c’est toi qui écris. Nos chemins se croisent parfois, je te vois passer,  jamais tu ne t’arrêtes. Tu as peur que je ne sois pas la Zora que ton imagination a créée. Je ne suis peut-être qu’une enveloppe vide qui sent mauvais et qui souillerais le précieux ordre immuable que tu as instauré dans ta vie.

   - Touchée ! Je reprends le récit !