Le Dernier Envol...
Je regarde l’abeille échappée de l’essaim.
Il me pousse des ailes, la chaise où je me tiens
Devient « piste aérienne », je m’envole soudain.
Désormais tout est grand à mes yeux globuleux,
Le salon était bleu ?
Je n’en vois pas la fin !
Je me perds dans le pompon d’un coussin !
Il me faudrait de l’air, je pense.
La fenêtre est immense
J’ai bien fait, ce matin,
D’ouvrir sur le jardin.
C'est « pays des merveilles »:
Les bougainvilliers au soleil
Sont un tableau abstrait
Aux mille et un reflets.
Tout est démesuré !
Mon corps est si léger
Qu’une feuille, en volant,
Pourrait bien l’écraser.
Je descends en piqué
Boire l’eau des soucis que j’ai trop arrosés.
Un chiffon qui s’agite dans la main d’un géant
M’incite à m’abriter.
La fraîcheur de l’entrée
Me fait frissonner.
Une photo de Blanche dans son cadre doré,
Semble jardin d’Eden et je vais m’y poser.
J’ai à peine le temps de me défroisser,
Un nuage m’a enveloppée.
Je sursaute, mon corps retrouvé
Est comme une frippe trop longtemps oubliée.
Je regarde l’abeille échappée de l’essaim.
Je ne tuerai point !
Selon que l’on soit placé du bon côté,
Ou exposé à être exterminé
C’est toujours le rapport exécré :
Dominant...dominé !