C'était un premier Mai...
De Marie-Antoinette, le prénom choisi, tu ne gardas que la deuxième partie te séparant, pour ta jumelle, de Marie.
Moi, je n’ai connu que Nénette, mais j’ai deviné Antoinette derrière les photos jaunies.
J’ai vu la jeune femme amoureuse, aux cheveux gonflés sur le front, à la jupe vaporeuse. J’ai compris qu’elle était heureuse, bien que sa jeunesse s’use sous les bombes qui fusent.
Je me souviens de mes Noëls de petite fille, au 88 rue de Flore, lorsque la tristesse et la mort nous étaient encore inconnues.
Cadeaux cachés, paroles feutrées, grande tablée, chaleur d’un clan retrouvé pour la veillée.
Et les pique-niques d’antan, lorsque nos parents s’en allaient aux sapins prendre l’air et que la bandes de cousins s’étourdissait en couses éperdues ! Les joues rougissaient sous l’émotion et le froid, le paradis existait alors !
Est-ce vers celui –là que tu es partie ma tante, vers celui des beaux dimanches qui chiffonnaient ta robe et faisaient briller tes yeux ?
Croques-tu, là haut, des cerises au jus vermillon qui éclatent tes lèvres et font gonfler ton cœur comme au temps des flonflons et des fleurs ?
Nous te pensions immortelle !
Jusqu’à ce jour de mai, si plein de souvenirs,qui t'a vue partir.
Ce brin de muguet là, tu ne l’as pas cueilli, quelqu’un l’a déposé entre tes doigts meurtris.
Tu t'es esquivée sans faire de bruit.
« Ne vous dérangez pas, je m’en vais. Ouvrez les portes, faites venir les enfants de mes enfants, donnez-leur des cousins à aimer et des fous rires à partager. »