Maman

Seule, entre quatre murs blancs, prisonnière de l’amour, fécondée dans la guerre, elle va enfanter là, inondée de son sang.

Les deux poings enfoncés sur ses oreilles closes, vaincue par le hasard et la colère des hommes, elle essaie d’oublier que dehors, le ciel zébré va peut-être, en s’ouvrant, sur elle s’effondrer.

Seul son bébé l’a entendu hurler !

Les autres, au signal, se sont tous éclipsés, honteux de leur lâcheté et la tête baissée. A faire son enfant, ils l’ont abandonnée.

Ils ne pouvaient la transporter dans la cave maudite où la haine les a menés.

Lorsqu’ils sont remontés, tu étais née. Tout contre notre mère, tu te tenais serrée.

Bienvenue à toi ma sœur préférée, je pense que maman, te mettant seule au monde, nichée dans la folie et fondant de tendresse face à ce bébé de l’obscurité,

A dû beaucoup t’aimer.