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LES MOTS POUR LE DIRE...
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31 juillet 2008

11 SEPTEMBRE 2001

LAURENT

World Trade Center

Manhattan



 

Je ruisselle ! Et cette fumée, je ne vois plus rien……sécurité ! Ils ne sont jamais là quand on a besoin d’eux ceux là.

 Je vais fermer les yeux, c’est çà : je vais essayer de penser à quelque chose d’agréable…

   

 

 - Laurent ! Laurent !

 - LAURENT ! LAURENT !... Les alliances, où as-tu mis les alliances ?

 - Je suis ton garçon d’honneur et c’est moi qui dois m’en charger.

 - Je descends tout de suite, une minute, je suis dans la salle de bain.

 - Mon Dieu, tu ne vas pas te marier avec cette dégaine. Et puis, ces cheveux plaqués, franchement, çà fait crooner sur le retour ! Allez viens !

 ...Il faisait beau ce jour là, beau et chaud...

 - Ce qu’il fait chaud ! Putain ! La clim doit déconner !

 L’Huisne prélassait ses méandres dans le vert des berges et le vieux saule d’autrefois, pleurait mon enfance achevée.

 Je me souviens de cette envie que j’avais eu alors de larguer mon corps à la rivière comme un paquet encombrant !

 Mon corps, à présent je le sens, il me fait payer les intérêts. J’ai du me péter le dos !

 Laetitia était apparue soudain dans un nuage de mousseline parfumée et j’en avais été subjugué.

 Une madone descendue d’un vitrail. Ah oui...c’est vrai que j’avais voulu être curé !

 Curé ! On n’a pas idée ! Mais si, ce projet, cette vocation sans doute, je l’avais due à mon éducation psychorigide : ambiance feutrée, peu de dialogue à la maison.

 Le « cathé » en lavage de cerveau, le « patro » faisant office de garderie le mercredi et la messe comme loisir du dimanche.

 Mais, il y avait eu Laetitia : ses rires volants en éclats, ses disques de Ballavoine et sa passion pour les films d’auteurs.

 Elle avait ouvert une grande fenêtre dans ma vie et l’air s’était engouffré, rugissant comme une tempête, caressant comme une brise mais créant un courant qui m’annihilait !

 - De l’air ! De l’air !...je manque d’air.

 La journée avait passé comme dans un rêve, virant parfois au cauchemar !

 Toutes les petites marionnettes s’étaient agitées, les fils bien tendus, le mécanisme qui les actionnait, bien huilé. Pas de fausse notes : ma mère en tailleur Channel, suant sa rigidité par tous les pores , gardant le contrôle du navire et refusant le naufrage, droite à la barre et mon père, susurrant des douceurs à ma belle-mère tout en sirotant un petit vin de Loire avec excès .

 Et mes amis, ah oui mes amis !...formant une troupe de choc, me maintenant debout avec leur ironie et leurs calembours, exigeant le rictus du sourire sur mon visage de glace, je m’en étais froissé les zygomatiques !

 Et, bien sur, il y avait Laetitia, la fée clochette Laetitia, avec son conte « il était une fois » accroché en guirlandes au-dessus de mes pas. Elle en avait perdu son auréole et, chignon lâché, s’était transformée en une Walkyrie échevelée.- Une photo.....la dernière !

 Encore un effort mes zygomatiques !

- Purée ! J’ai du rêver...oui, c’est ça JE REVE....je vais me réveiller doucement.

- 11 septembre, nous sommes le 11 SEPTEMBRE...c'est notre anniversaire de mariage!

 


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